Historique 1 (personnel) de l’ECONOMIE (2) 21
2. Historique 1 (personnel) de l'ECONOMIE
écrit en Février 2009
Epilogue, tout à la fin l'interview de Michel ROCARD de décembre 2007
Je suis socialiste marxiste depuis presque toujours. Et, en particulier je le suis devenu rationnellement depuis 1956 ou j'ai passé une année entière à 17 ans aux USA alors que je venais directement d'Algérie où la guerre d'indépendance avait débutée depuis 54.
Deux choses importantes se sont alors imposées:
L'homme est un être fragile qui est dominé par la peur et son instinct. Le nationalisme dans sa part de nativité lui impose de conserver les siens et ses biens souvent sans discernement. Cela s'impose à nous et l'expérience de la dernière guerre mondiale avec son immonde cataclysme et la récidive dix ans plus tard dans la guerre d'Algérie ne servent à rien ? Quelle en est la leçon ? Que tout est fragile.
Parce qu'il était juif, ceci à fait d'Albert Einstein un émigré aux USA en 1933.
Mes parents ont immigré du fait de la guerre. Mes parents et moi avec avons eu du mal à rentrer à Versailles en France à la déclaration de guerre en 1939 car nous étions bloqués en Norvège. En 1941 nous fuyons à Martigues à cause de l'occupation allemande du nord de la France. En 1943 nous fuyons au Maroc à cause de l'occupation de la zone libre. En 1945 nous nous installons à la libération en Algérie. Enfin en 1961 du fait de la décolonisation nous rejoignons la France. Chacune de ces étapes est marquée par la naissance d'une sœur ou d'un frère ailleurs.
L'homme est un être pensant dominé par sa peur de l'inconnu et seule la raison devrait lui permettre de se libérer. Mais ses croyances et son esprit prennent généralement le dessus et lui masquent la réalité pour lui permettre de se complaire dans un confort factice. C'est ce que j'ai découvert aux USA dans une société puritaine, pure au point de persécuter Charlot et d'en faire un réfugié. En 1952, le sénateur Joseph McCarthy lui interdit de retourner en Amérique en lui supprimant son visa alors qu'il aura fait la gloire et la grandeur de ce pays.
Et, pendant mon séjour aux USA en 1956, au bout de 5 mois à St Louis, je me suis enfuit de St Cloud Minnesota pour New York ne pouvant plus supporter le puritanisme ambiant du Midle West.
Il en est résulté que j'ai toujours été méfiant non seulement des lois mais aussi des mœurs qui protègent les gens, surtout quand elles se mettent à protéger les plus forts.
Ma mère étant Norvégienne je suis un immigré de nationalité française né en Belgique en 1939. Ma nation est la France non pas parce que j'y suis né, non pas parce que je l'ai mérité, mais parce que c'est ma communauté du coté de mon père et qu'en quelque sorte parce que je l'ai choisie. J'ai eu la possibilité d'en changer et je sais pourquoi je l'ai choisie et quelles en sont les bonnes et les mauvaises raisons.
Une communauté est d'abord un certain nombre de valeurs matérielles et culturelles et surtout de solidarités. Ce qui caractérise la communauté que j'ai choisi c'est sa liberté , son Egalité et donc sa Fraternité. Encore faut il savoir ce que cela implique.
Tout ça pour en venir à ce qui m'est essentiel dans l'organisation et l'ordre de la société. Ce pourquoi je vis, comme je vis, et comment je vis. Je ne suis pas là pour suivre comme un Titou tout ce qu'on me dit de faire ou de ne pas faire car j'ai trop vu ce qu'il en résultait et je n'accepte pas de me contenter d'être. Heureusement que des hommes se révoltaient dans les deux exemples précédants.
Vivre ce n'est pas être, c'est être homme, c'est à dire faire, et dans ce cas faire ce que l'on doit. Je sais trop que le dernier mot est celui du plus fort et du plus puissant pour en accepter la règle. Je sais trop que l'abus et la facilité est la règle générale et qu'il faut les limiter surtout pour les plus puissants. Je sais trop que le partage et l'entraide est trop difficile à obtenir pour en attendre grand chose et heureusement cela peut se réguler et se développer plus socialement qu'individuellement.
En résumé, le vécu et l'expérience sont dans mon cas essentiels et sont difficilement transmissibles, mais je me dois d'en parler. Tout cela m'a construit autour de valeurs qui ne sont pas du tout celles du développement libre de toutes contraintes et de la glorification individuelle. En tout cas le libre marché et l'exploitation universelle n'est pas ma doctrine. A l'époque de la dernière guerre la lute des classes et leur exploitation jouait à plein son rôle et permettait d'ailleurs un développement sans précédant si ce n'est un équilibre.
Pour maintenir cette exploitation et maintenir la soumission des gens aux systèmes on jouait effectivement sur les réflexes de peurs. Peur de l'instabilité, des révoltes, du terrorisme, des pillages et même du diable s'il le fallait. Mais, et c'est regrettable, c'est encore ce qui se passe aujourd'hui par exemple en Guadeloupe où on laisse pourrir un climat social difficile, et s'installer la peur, pour mieux intervenir ensuite, au lieu de résoudre un problème évident, même pour Jégo qui a du se faire rappeler à l'ordre et pour enfin reprendre sa solution si tardivement.
Tout cela apparaît aujourd'hui comme des combats d'un autre temps et d'arrière garde car les choses ont changées. Mais, ce ne sont pas les hommes ni leur avidité qui ont changés. C'est le pouvoir et sa manifestation qui ont changés et se sont amélioré. Effectivement la lute des classes disparaît du moins se manifeste autrement dans nos pays évolués. Elle ne peut plus exister sous la même forme car la richesse qui y est créée n'est plus le fait, le seul fait du travail de l'ouvrier, mais de plus en plus celui de la machine et des technologies. Aussi, le pouvoir du travail a presque disparu. En 1986, on comptait ainsi 6,2 millions d'ouvriers pour 22,7 millions d'actifs. Ce chiffre était en 2006 de 5,7 pour 25,2 millions d'actifs. C'est devenu celui de la technologie et des ressources en particulier celles financières. La classe ouvrière seule ne crée plus la richesse, mais on a besoin de serviteurs pour mieux vivre et exploiter ses richesses. Il est donc plus facile de se délocaliser soit même aujourd'hui pour mieux vivre et mieux se développer financièrement. Ce changement est en train de s'effectuer. On est probablement à mi chemin et donc le rôle de la lute des classes et des ouvriers n'est encore important que dans une moitié du monde industriel. Mais, c'est déjà le pouvoir financier qui a pris le dessus et ceci depuis une vingtaine d'années environ.
C'est donc cette exploitation effrénée de l'homme et en particulier de l'homme par l'homme qui demeure et qui reste une donnée fondamentale. C'est cette conscience du pillage de l'humanité qui nous permet de voir ce qui se passe et où va l'homme.
Il existe un domaine où ces idées se manifestent tous les jours et partout dans le monde et où chacun conviendra qu'il nous faut obtenir des changements, c'est celui de l'exploitation de la femme par l'homme. On n'est qu'au début de la prise de conscience de ce problème. Quoi qu'il en soit le rôle du culturel y est primordial. Les régimes socialisants (auquel j'ai toujours adhéré) ont essayé de le résoudre avec quelques succès. Seule une petite fraction de l'humanité commence a bénéficier de cette évolution. Ce problème qui est celui de l'homme et de ses droits reste limité par sa peur des changements et de l'inconnu.
Ayant vécu en Afrique du nord avec une mère norvégienne cela est pour moi du domaine de l'évidence.
Depuis quelque temps, sans analyser ni comprendre foncièrement ce qui se passait, on a bien vu que quelque chose avait changé dans l'exploitation de l'homme. Cette nouvelle exploitation est passé par la finance ce qui a l'avantage de concerner pratiquement tout le monde au delà des classes. C'est un nouveau servage individuel que l'on présente comme de nouvelles possibilités exceptionnelles de développement si ce n'est de liberté. C'est de pouvoir vivre en multipliant ses possibilités et ses désirs matériels par l'emprunt. Malheureusement ce peut être aussi un servage bien efficace. Un serf est en effet quelqu'un sans ressources et sans biens qui est attaché insidieusement aux travaux de la terre par le fermage. Il dépend entièrement de son propriétaire. En Europe de l'Est le servage fut aboli vers 1860 et a disparu effectivement plus tard.
Aux USA, en 56, Tennessee Ernie Ford Sings 16 Tons (cliquez sur ce lien) a été, et reste, le plus grand tube de tous les temps, et il parlait d'exploitation ! Platters - Sixteen Tons
You loaded sixteen tons and what do you get
An other day older and deeper in debt Johnny Cash - Sixteen Tons
Saint Peter don't you call me because I can't go
I howe my soul to the campany store. Sixteen Tons
C'est vrai que le capital est un outil formidable qui concentre financièrement tous les pouvoirs et donc multiplie les possibilités. Mais avec eux il permet aussi non seulement de s'affirmer mais aussi d'écraser les résistances et les plus faibles. C'est une des lois de l'évolution de la nature, mais peut être pas de celle de l'humanité. On le voit bien par la place occupée par les religions dans l'organisation du monde. Et, c'est d'ailleurs un nœud de conflit du monde actuel.
Qu'est ce qui change et qu'est ce qui a changé ? A voir, il semble peu de choses, si ce n'est dans la manière de faire, et on comprend que c'est déjà beaucoup. On peut espérer que cela favorisera une évolution meilleure que par le passé. Mais rien n'est moins sûr ! En général ce n'est pas en bousculant les gens qu'on les fait évoluer et les séries de crises inhérentes au système actuel risquent de tout faire capoter.
Les articles suivants de Wikipédia : Bretton Woods et la monnaie permettent de rappeler brièvement les règles actuelles de notre système monétaire.
Après la Crise de 1929 les États-Unis et leurs alliés, à la fin de la guerre, décident donc d'organiser en 1944 une conférence dont le but est de créer un système monétaire capable de fournir un cadre solide à la reconstruction et à l'expansion économique du monde libre, en faisant des États-Unis et du dollar les piliers de la nouvelle architecture économique. Ils vont jouer respectivement les rôles que jouaient le Royaume-Uni et la livre avant la guerre de 1914. Les représentants des États créent un Gold-Exchange Standard fondé sur une seule monnaie, le dollar américain : toutes les monnaies sont définies en dollar lui même garanti par une parité à 35 dollars l'once d'or.
Jusqu'en 1958, il y a un manque de dollars. Puis la situation se retourne. Une inflation de dollars se produit notamment du fait des dépenses considérables de la guerre froide, notamment la guerre du Viêt-nam 1959-1975 et la course à l'espace qui sont ainsi financés par les alliés. Alors les demandes de remboursements des dollars excédentaires en or commencent à trop se manifester. Les États-Unis qui ne veulent pas voir disparaître leur encaisse-or suspendent la convertibilité du dollar en or le 15 août 1971. La conjoncture internationale est désormais assujettie aux variations de valeur du dollar américain qui deviennent extrêmement fortes et souvent brutales. En 25 ans le dollar perd alors 97%. Il se dévalue et ne vaut plus que 3% de sa valeur. Le 8 janvier 1976, les accords de Kingston (Jamaïque) confirment officiellement l'abandon du rôle légal international de l'or. Ce sont les banques centrales des états qui sont alors responsables de la masse monétaire et de l'inflation de leur monnaie. Il n'y a plus de réglementation internationale.
C'est le début de la dé-régularisation. La réserve de garantie des banques ne sera plus ni de 1/9 ni garantie par l'or à 35 dollars l'once. Actuellement, le dollar à 65% et l'Euro à 25% servent de monnaie de réserve des banques centrales. Mais c'est aussi le début aussi de la délocalisation.
La dé-régularisation a permis au monde libre de gagner la guerre froide en finançant ses dépenses (du Pentagone, de l'OTAN, des guerres) et son développement économique. L'inflation a été favorable au pays multipliant ses dollars qui pouvaient ainsi agglutiner des richesses d'autres pays en payant avec sa propre monnaie papier dite fiduciaire que l'on dévaluait régulièrement.
Indice Dow Jones et politique monétaire Au krach l'once d'or valait 870 dollars
La monnaie fiduciaire (billets et pièces en circulation) détenue par les agents non financiers, plus les dépôts « à vue » (dans les banques et les caisses d'épargne) à la fin juin 2008, en zone euro est de
M1=3.838 milliards d'euros. Ce chiffre est à rapprocher du montant du PIB en Euroland (15 pays de la zone Euro) au 31 décembre 2007 : 8.927 milliards d'Euros [8].
La dette totale des Etats-Unis qui représentait environ 180% du PIB en 1976 atteint 350% du PIB en fin 2007 (6.788,1 milliards de dollars) et atteindra 500% fin 2008 (9.700 milliards de dollars). La dette européenne augmente évidemment dans les mêmes proportions. Lire l'article
Dans la crise actuelle, bien d'autres prêts sont en train de devenir non remboursables : les produits dérivés, les cartes de crédit, les crédits Alt-A. Et surtout, personne n'est plus là pour les racheter.
Actuellement, l'indicateur de suivi de la masse monétaire par les Banques Centrales tels que M1 M2 ou M3 sont trop restrictifs car il ne considèrent pas les actions et les produits financiers dérivés - dont la grande majorité est liquide et peut être vendue ou achetée à tout moment - comme une monnaie ou une devise. Globalement, ces produits dérivés dit toxiques représentent une masse monétaire bien plus importante que celle des indicateurs qui de ce fait ne traduisent plus la réalité monétaire.
Le volume des transactions consacrées à l'économie réelle ne représente environ que 2 % de la totalité des échanges monétaires.
Le Monde | 25.10.08 | « Les chiffres donnent le vertige. Depuis le début de l'année, les grandes places boursières internationales ont perdu la moitié de leur capitalisation. Cela signifie qu'environ 25.000 milliards de dollars sont partis en fumée, soit près de deux fois le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis ». Ceci est environ 10 fois plus grand que toute la monnaie en zone euro M1=3.838 milliards ci dessus et n'est pas pris en compte.
C'est ainsi que j'obtiens une vision simplifiée de la crise actuelle qui aide à comprendre ce qui se passe. Ca me permet une approche plus intuitive. Dans mon schéma l'économie mondiale ne se limite pas à l'économie réelle qui correspondrait aux ressources matérielles et à l'industrie mais englobe aussi la finance virtuelle qui correspondrait aux produits dérivés telles que ceux intellectuels (par exemple la création dont celle artistique) et les produits financiers dérivés.
Les Subprimes correspondent à ces produits financiers qui échappent complètement à toute évaluation car, en effet, on n'a rien vu venir. Le produit Prime serait un prêt immobilier garanti matériellement par une hypothèque. Sa valeur est associée à un bien matériel et correspond à une affaire qui se concrétise par une transaction réelle, basée sur trois critères mesurables : l'hypothèque, l'intérêt et le temps qui sont calculés par la banque pour optimiser un gain qui s'évalue, je suppose à 5% sur l'année. Si, maintenant ces créances sont transformées en un nouveau produit financier, les Subprimes, on doit supposer qu'on lui adjoint une autre qualité, peut être un emballage, ce nouveau produit devrait lui aussi rapporter normalement au moins 5%, si ce n'est le double pour exister et concurrencer le Prime. Il y a là une contradiction logique qui nous permet de conclure que c'est probablement un produit toxique. C'est donc probablement un nouveau produit intellectuel dangereux car on ne voit pas ce qu'il a de plus, mais on voit ce qu'il a de moins. « En effet, cet apport de capital permet à la banque qui les vend de prêter des sommes 20, 30, 50 fois plus importante que ce qu'elles rapportent » ce qui revient a une création illicite de monnaie. (On peut encore éviter la catastrophe.)
La seule raison pour laquelle un tel produit peut avoir du succès, en dehors de l'incompétence ou de l'avidité du vendeur-acheteur est celle de l'existence d'un excès de liquidités monétaires qui multiplie l'avidité de l'acheteur-vendeur et de sa recherche du maximum de rentabilité, surtout lorsque ces liquidités sont obtenues aussi facilement par les établissements financiers qui les emploient.
La seule raison pour laquelle un tel produit peut avoir du succès, en dehors de l'incompétence ou de l'avidité du vendeur-acheteur est celle de l'existence d'un excès de liquidités monétaires qui multiplie l'avidité de l'acheteur-vendeur et de sa recherche du maximum de rentabilité, surtout lorsque ces liquidités sont obtenues aussi facilement par les établissements financiers qui les emploient.
Comme le reconnaît le patron de la banque JP Morgan Chase, James Dimon : "Dans la finance actuelle, il faut être très courageux pour ne pas prendre un risque qui peut vous rapporter de l'argent." Surtout que les banques sont convaincues qu'elles ne courent que peu de risque et c'est là la raison fondamentale. D'abord, les surplus de liquidités bancaires leur facilitent trop l'obtention de nouveaux emprunts qui leur permettent des investissements financiers à très forts taux et ainsi effacer s'il le faut les pertes précédentes, et ceci à court terme. De Plus, les crédits qu'elles consentent peuvent être "titrisés", et transformés en produits financiers cédés à d'autres.
Enfin, le risque est dilué un peu partout et il n'est plus nulle part. Mais, quand la conjoncture se retourne, ces produits financiers se transforment en véritables "trous noirs" dont tout le monde se méfie. Résultat : le risque est au contraire décuplé.
Il faut regarder le document, page précédente, «Les raisons et les mécanismes de la crise» pour comprendre l'enchaînement et le détail des différents intervenants de la crise des Subprimes.Ce n'est en réalité que le symptôme et le déclenchement d'une autre crise bien pus profonde qui est celle du capitalisme financier.
Mon intuition est que notre système économique a généré un tel surplus de liquidités bancaires, indépendamment de l'immobilier, que les banquiers ne peuvent plus s'empêcher d'en profiter et de les faire fructifier.
Ce qui me fait appréhender que les banques après les USA ont créé et continuent de le faire un énorme magot de dollars. Indirectement, par sa dévaluation associée à une perversion du marché ils ont créé une énorme sphère financière incontrôlable.
Il en est résulté des anomalies brassant des sommes énormes qui ne choquent plus personnes et donc peuvent se perpétuer :
Des pertes de l'ordre de 5 milliards peuvent exister, tant qu'elles ne sont pas détectées, pour un seul trader tel Kerviel, et sont devenues monnaies courantes, l'équivalent du bénéfice net dégagé en 2006. Des escroqueries de l'ordre de 50 milliards peuvent avoir lieux et ne concerner aussi qu'une seule personne tel Bernard Madoff - Wikipédia et ne pas être détectées pendant des dizaines d'années. On est donc dans une pléthore financière où ces sommes et ces manières sont négligeables.
Etude des variations de la bourse avant et après le krach de la Bourse
On remarque depuis novembre 2007 trois cycles de 4 mois nov-fev, mars-juin, jul-oct, avec des oscillations de 6/100 et un bruit de fond sur une semaine avec des variations de 1/100. Le plongeon en octobre 2008 correspond au krach de la crise financière avec l'éclatement de la bulle des Subprimes. Après la chute de 10.800 à 8.400 de 25% on voit des variations importantes
de 10/100 et des oscillations d'environ 6% sur une semaine comme si le bruit était multiplié par 6. C'est ce que montrent précisément les variations du CAC40 ci dessous et, le retour à l'équilibre mettra des mois à se rétablir.
22/9/2008 ''Le Trésor américain et la Réserve fédérale ont dévoilé leur plan pour sauver le système financier. Le premier dispose de 700 milliards de dollars pour avaler des actifs «toxiques» de Wall Street, qu'il revendra..!! si possible. Cette limite de 700 milliards pourra toutefois être dépassée. Un risque pour l'économie américaine itself ?'' ''Le 19 septembre 2008, lorsque les nouvelles à propos du plan furent publiées, le marché des valeurs mobilières a augmenté au plus de 3%. Cette première intervention américaine du plan Paulson de 700 milliards de $ n'a produit qu'une réaction limitée négligeable pour ensuite laisser se poursuivre la descente avant le plongeon du 3 au 10 octobre 2008. Ce plan massif apparaît pour prévenir une catastrophe prévisible et n'a aucun effet. Il n'évite pas le crack de la bulle immobilière des Subprimes et ne modifie pas la chute des bourses.
Ces 700 milliards de $ représentent pourtant 100 $ par habitant du monde (7 milliards ) riches et pauvres. Cela n'empèchera pas une nouvelle intervention toute aussi importante 5 mois plus tard avec peut être un effet, espèrons décisif, mais pas si notable que ça.
Et donc, j'en déduits que la masse monétaire de la totalité du capital associé à la sphère financière est bien plus importante que ces 25.000 milliards et est probablement disons au moins 10 fois ce chiffre. On ne nous dit pas tout !
On nous dit souvent que le ratio entre l'argent virtuel manipulé par les banques et celui effectivement possédé par les banques comme garantie serait de 1/9 mais en réalité il est plus sûrement actuellement de l'ordre 1/100. Il est quasiment sans limites. Dans ce cas, on est véritablement dans un océan financier qui ne peut être arrêté par une goutte d'eau.
Qu'est ce qui empêche une Banque1 d'emprunter 10 à partir d'1 servant de garantie (1/10).
Ces 10 sont prêtés à la Banque2 et servent de garantie pour un emprunt de 100 à partir desquels on retourne 10 à la Banque1. Il en résulte deux emprunts l'un de 10 l'autre de 100 générés partir du 1 initial. Avec cette manipulation on ne voit pas de limite aux emprunts possibles par les banques.
Banque1 Banque2
Rapport 1/10 1/10 1/10
Garantie à 1 10
Emprunt à 10 à 100 ß
Opérations
prêtà 10 à 10
10 ßretour 10
en caisse 11 100
A partir d'un apport initial de 1 dans la banque1, la banque2 génère un en caisse de 100. (Ce peut être une succursale dans un paradis ce qui expliquerait leurs mutiplications)
Ma première conclusion dans cet exemple, est que cet actif de 1%, qui dans ce cas constitue le fond propre du système bancaire est négligeable, et a donc peu de chance de jouer un rôle quelconque.
On a ainsi levé toute hypothèque ou garantie associée aux emprunts ce qui était sans doute la raison d'être initiale du fond propre en dépôt de 1/9.
La deuxième conclusion, est qu'il est aussi possible et probable que cette manipulation permet de se débarrasser des produits toxiques soit en l'intégrant dans le dépôt de garantie soit en le transférant à une autre banque par exemple à la Banque1.
Enfin, actuellement une grande partie des fonds propres des banques, qui sont comptabilisés dans leur actif, sont sûrement constitués d'un ensemble de produits dérivés dit toxiques dont la valeur est probablement nulle.
"Dans la finance actuelle, il faut être très courageux pour ne pas prendre un risque qui peut vous rapporter de l'argent."
Surtout qu'avec toutes ces dé-régulation, délocalisation et secret bancaire……qui fait quoi ?
Cette vidéo d'Elie Cohen est un rappel historique des différentes crises financières de ces dernières décennies.
http://www.dailymotion.com/video/k7u7HOQfu4lutvGe4Q . Il faut la regarder. Elle dure 1 heure.
Ma critique : Ce qui est étonnant c'est qu'on trouve après coup toujours les raisons du krash et ce qu'il faut corriger mais que ça recommence et chaque fois en plus grave. La raison en est sans doute plus fondamentale . Par exemple (vers la 14 ème minute) on traite de la faillite de LTCM, une petite Hedge fund, qui ne gère que 5 milliards de dollars mais qui engage des fonds de 1.200 milliards et qui risque à elle seule de tout faire s'écrouler ? En 1993 les investisseurs affluent, et pas des moindres : Sumimoto (une banque japonaise), l'Union des banques suisses (UBS), la Chase Manhattan Bank, la banque de Chine et la banque d'Italie et de nombreuses personnalités fortunées investissent des centaines de millions de dollars. Ca se termine avec la crise asiatique fin 1997. Comme pour l'affaire Madoff tous ces économistes prestigieux ne se posent aucunes questions sur la disproportion des sommes engagées et leurs avantages et rien sur les fondements de ces gestions! Il faut qu'il y ait beaucoup de capitaux qui traînent pour être ainsi investis. Est ce l'appât du seul gain et le système?
Epilogue
C'est à lire !
L'article du Nouvelobs qui suit. Je l'ai découvert fin 2010 bien après avoir écrit tout ce qui précède. Il est fantastique car il est écrit presque un an avant la grande crise d'octobre 2008 qu'il annonce avec beaucoup de clairvoyance. De plus il l'explique à partir de l'existance d'une finance virtuelle déconnectée de l'économie réelle qui spécule à court terme en dehors des loi du marché.
La crise mondiale est pour demain Michel Rocard
Article du Novelobs du 13 au 19 Dec 2007
Pour l'ancien Premier ministre, tous les facteurs d'une crise économique d'une ampleur considérable sont réunis. Comment en est-on arrivé là ? Que peut-on faire ? Par Michel Rocard
Le Nouvel Observateur.- Avec les excès de la «financiarisation» de l'économie, on entend souvent dire que nous sommes à la veille d'une crise mondiale de l'ampleur de celle de 1929. Qu'en pensez-vous ?
Michel Rocard. - Nous sommes dans une situation étrange : les signes avant-coureurs d'une crise mettant en cause l'équilibre général de l'économie s'amoncellent et pourtant les «opérateurs» restent silencieux. Ils ne disent rien alors que pour la première fois, depuis deux cents ans, le capitalisme est combattu non par ses vaincus, ses pauvres ou par les intellectuels, porte-parole des vaincus, comme Marx ou Engels, mais par des économistes objectifs. Aujourd'hui, la critique vient du coeur du système. L'avant-dernier livre de Patrick Artus, un des économistes français les plus respectés, était intitulé : «Le capitalisme est en train de s'autodétruire». Son dernier livre porte un titre prémonitoire : «les Incendiaires». Les «incendiaires» en question sont les banquiers centraux. Il doit vraiment y avoir quelque chose de pourri dans notre système pour que Joseph Stiglitz, prix Nobel américain d'économie, ose, lui, titrer son dernier un ouvrage «Quand le capitalisme perd la tête».
N. O. - Qu'est-ce qui vous rend si pessimiste ?
M. Rocard. - Pour illustrer mes propos, je partirai de l'évolution de la dette des Etats-Unis (dette des ménages, des entreprises et de l'Etat) sur une longue période. On voit clairement son envolée depuis 1982 (présidence Reagan) jusqu'à 2005 (présidence George Bush), en dépit d'une certaine stabilisation sous Clinton. Lors de la crise de 1929, l'endettement américain - environ 130% du produit national - était déjà «au coeur du système». Aujourd'hui il atteint plus de 230% ! Pour éviter la faillite, le système financier américain doit emprunter 2 milliards de dollars par jour ! Voilà ma première inquiétude. Vous me direz - et c'est la deuxième bizarrerie de notre situation - que le système financier s'est «atomisé» : si les grandes banques mondiales par qui le scandale arrive sont quatre fois plus grosses qu'en 1929, elles opèrent dans un marché 50 à 100 fois plus gros puisque les transactions quotidiennes se comptent en dizaines de milliards de dollars. Cette dilution, cette atomisation a amorti les crises qui ont réapparu depuis 1990.
Il faut rappeler que de 1945 à 1980 le monde n'a connu que des faillites nationales, pas de crises mondiales. C'était un des grands succès du capitalisme régulé. Le problème - et revoilà mes inquiétudes -, c'est que depuis 1980 la sphère financière a pris une importance colossale. Du coup, nous sommes confrontés à des crises financières de grande ampleur récurrentes : crises latino-américaines dans les années 1980 qui ont affecté tout le continent américain; crise asiatique dans les années 1990 qui a fait des dégâts énormes même si elle est restée circonscrite à une douzaine de pays, crise du système monétaire européen en 1992, éclatement de la bulle de l'e-économie en 2000. Les centaines de milliards de dollars carbonisés par l'effondrement des valeurs boursières à l'occasion de cette dernière secousse sont comparables aux pertes enregistrées lors de la crise de 1929. Les chocs sont moins instantanés, moins brutaux, moins impressionnants peut-être aussi, mais ils sont quand même terrifiants, même si l'atomisation des marchés les a rendus moins soudainement brutaux.
Regardons maintenant les choses de plus près en commençant par la dette. La dette américaine hors banques vient d'atteindre 39 000 milliards de dollars. Il est évident qu'elle ne sera jamais remboursée. Nous sommes dans une logique qui ne laisse espérer aucun retournement de tendance. Le problème est donc celui de la «soutenabilité» de cette dette grossie chaque jour de ses intérêts composés. Jusqu'ici, des taux d'intérêt historiquement bas permettaient d'emprunter et de l'honorer. Avec la hausse du prix du pétrole qui hésite cette semaine à passer la barre des 100 dollars le baril et l'envolée des prix des produits agricoles, dopés par l'augmentation de la demande alimentaire de l'Inde et de la Chine, cette possibilité est en train de disparaître. Je m'explique : pour contrer le retour de l'inflation, les banques centrales sont obligées de relever leur taux d'intérêt. C'est le devoir de Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, et certaines institutions comme la Banque d'Angleterre n'hésitent pas à augmenter franchement leur prix de l'argent. L'atomisation du marché nous a jusqu'ici préservés d'une crise générale, mais les miracles n'ont qu'un temps.
N. O. - Comment en est-on arrivé à cette dette colossale alors qu'il y a tant d'argent disponible ?
M. Rocard. - Ce passage d'un équilibre à un déséquilibre massif, généralisé, tient au changement de la répartition du produit national brut, entre les «salaires» (salaires et revenus de protection versés par la Sécurité sociale) et les «profits» (bénéfices industriels, honoraires des professions libérales, rémunérations «directes» sur le marché). Ce mouvement est très sensible en France mais on l'observe aussi aux Etats-Unis et dans l'ensemble des pays européens, y compris les pays de l'Est rejoints à toute allure par le capitalisme. En gros, les salaires sont passés de 71% du PIB en 1981 à 60% en 2005. Près de 11 points de chute ! Aujourd'hui, en France, si le produit intérieur brut avait conservé le même partage qu'en 1981, les ménages auraient dépensé en salaires et revenus de Sécurité sociale 130 milliards d'euros de plus. Affectés à la consommation, ces 130 milliards auraient donné au moins 1 point de plus de croissance chaque année. Et nous aurions eu en France un demi-million de chômeurs de moins.
N. O. - Que s'est-il passé ? Comment s'explique ce nouveau «partage» entre salaires et profits ?
M. Rocard. - Pour comprendre la perversité de ce nouveau partage qui ne permet plus à la consommation de soutenir la croissance et, à terme, de créer les moyens de rembourser la dette, il faut se rappeler comment a fonctionné le capitalisme triomphant de 1945 à 1975. Pendant trente ans, l'économie occidentale a progressé au rythme de 5% l'an, sans jamais de crises financières et avec un chômage quasi nul (2% de la population active, c'est à peu près le chômage frictionnel dû à la mobilité professionnelle) . Les raisons de cette embellie ? Précisément les mauvais souvenirs de la grande crise de 1929, de son cortège de malheurs avec la prolétarisation des classes moyennes et finalement la guerre. Pour que pareille catastrophe ne se reproduise pas, le monde occidental avait mis en place trois types de correction dont chacune a pour père une personnalité exceptionnelle : lord Beveridge, lord Maynard Keynes et Henry Ford. Beveridge, c'est l'Anglais inventeur de la Sécurité sociale, qui a théorisé le fait qu'en faisant beaucoup de protection sociale non seulement on humanisait le système, mais on le stabilisait en empêchant la demande - maintenue au moins au tiers du pouvoir d'achat - de tomber. Deuxième régulateur, Keynes. Message aux dirigeants politiques : au lieu d'utiliser la politique monétaire et budgétaire comme des instruments de régulation nationale, utilisez-la pour accélérer ou décélérer les secousses venant de l'extérieur, du marché mondial, là où les pays démocratiques s'affrontent. Cela a marché. Nous en avons eu la preuve expérimentale pendant trente ans. Le troisième régulateur, Henry Ford, est américain. Cet industriel disait : «Je paie mes ouvriers pour qu'ils m'achètent mes voitures.» Avec le New Deal, les grands travaux de Roosevelt, cette politique de hauts salaires et de fidélisation des salariés qualifiés a permis à l'économie américaine de repartir très vite après la crise de 1929.
La France a utilisé le Plan, ce forum entre syndicats, patrons et Etat, réunis pour préserver un haut niveau de demande (donc de salaires) afin de permettre des anticipations de consommation forte.
Bref, nous nous sommes tous peu ou prou lancés dans des politiques de reconnaissance du monde salarial et de légitimation d'une politique de hautes rémunérations parce que, concernant la moitié basse de la population, ces dernières sont presque entièrement affectées à la consommation. Et fondent la croissance. Résultat : une croissance soutenue, mais avec un grand absent, l'actionnaire - une des composantes du «profit», selon la comptabilité nationale. Il a été le grand oublié en termes de distribution de dividendes pendant toute cette période.
Tout a changé dans les années 1990 avec l'apparition des fonds et d'abord des fonds de pension. L'actionnaire s'est organisé et, s'agissant de sa retraite, a exigé un retour sur investissement de plus en plus élevé. Corollaire : une pression de plus en plus forte sur les salaires qui ont cessé de progresser au rythme d'antan avant de décroître en valeur absolue. Les fonds d'investissement - moins du quart des fonds de pension mais plus agressifs - ont intensifié la tendance. Et les fonds d'arbitrage ou hedge funds jouent le même jeu. Pour garantir aux actionnaires une rémunération élevée, tous n'hésitent pas à démanteler leur proie et à vendre par appartements. Au grand dam des salariés réduits à la dimension de variable d'ajustement. Le nouveau système - tout pour les actionnaires, le moins possible pour les salariés - est devenu presque caricatural avec les hedge funds, ces fonds spéculatifs. L'ensemble de ces fonds sont présents désormais dans toutes les entreprises du monde occidental de plus de 2 000 salariés. Leur pression s'est d'abord exercée sur les PDG qui ne distribuaient pas assez de dividendes : ils ont très vite valsé. Elle s'est traduite ensuite par l'externalisation des toutes les fonctions - entretien, maintenance, services sociaux internes -, dont les salariés étaient indexés sur les personnels qualifiés qui faisaient le renom de l'entreprise. Tous ces gens-là ont été chassés et recasés dans des PME désyndicalisées, soumises à des contraintes salariales énormes parce que les fabricants, les donneurs d'ordre, peuvent changer de sous-traitants sans préavis. C'est comme ça que s'est instituée la précarisation du marché du travail (16% des salariés français aujourd'hui) avec, comme conséquence de cette réduction «contrainte» des heures travaillées, un gel ou un recul des salaires, l'apparition de working poors et de vrais pauvres sans travail. Avec une pauvreté de masse évaluée à 10 millions de personnes en Grande-Bretagne et entre 5 et 6 millions en France, la part des salaires dans le PIB a évidemment reculé par rapport au «profit» réinvesti de manière spéculative. D'où, faute d'une demande suffisante, une croissance anémiée, incapable de contenir l'hémorragie des déficits et une dette de plus en plus difficile à rembourser.
N. O. - Recherche d'une plus-value instantanée, spéculation effrénée et, comme l'indique la crise des crédits hypothécaires aux Etats-Unis, «titrisation» des créances et création de produits de plus en plus sophistiqués plongeant les marchés dans l'opacité : tous les ingrédients d'une crise d'ampleur sont réunis. Mais la donne aussi a changé : il y a la croissance générée par les pays émergents qui relaie la locomotive américaine défaillante. Il y a aussi l'abondance de liquidités : pétrodollars et excédents structurels chinois ou japonais.
M. Rocard. - Par rapport à l'économie physique réelle, ces liquidités sont en effet sans précédent. Mais elles ne s'orientent pas vers l'investissement long. Elles préfèrent les investissements financiers spéculatifs. Tous les banquiers vous le diront, malgré leur affinement, les politiques économiques ne peuvent rien sur l'usage et l'évolution de ces liquidités. Ce dysfonctionnement, culturel dans sa nature, structurel dans son résultat, est terrible. Personne ne sait comment ça peut finir, et j'ai la conviction que ça va bientôt exploser. J'en tire deux conclusions. La première, c'est qu'il faut des réponses mondiales, en réformant les institutions créées il y a plus d'un demi-siècle à Bretton-Woods.
Nouveau directeur du Fonds monétaire international, notre ami Strauss-Kahn est aux commandes d'un «machin» qui n'est pas opérationnel car il n'a pas les moyens de contrer ces nouvelles crises. Mais il a l'information : c'est l'endroit central pour émettre un diagnostic et faire des propositions. Ma deuxième conclusion : si en France le PS était capable de comprendre ce qui se passe, de faire la liaison entre la situation nationale et l'international et pouvait expliquer les raisons de la montée du travail précaire chez nous, il donnerait enfin l'impression de répondre à la situation. Il y aura une prime au premier qui saura expliquer. C'est le capitalisme dans sa forme mondialisée et financiarisée non le marché dont je suis partisan - qui est en cause aujourd'hui. Faire ce type d'analyse, lui donner une réponse nous réconcilierait avec les gauchistes ! Enfin il est essentiel que de nouvelles règles aident à préparer une place commerciale intelligemment négociée à ces nouveaux partenaires énormes que sont la Chine et l'Inde.
N. O. - Que peut-on faire ?
M. Rocard. –
Il y a d'abord l'attaque éthique. Au centre de cette pression sur les salaires, de cette voracité spéculative des hautes classes moyennes et des classes riches, les gens fraudent de plus en plus : délits sur les stock-options, délits d'initié... Il faut maintenir une pénalisation du droit des affaires. De la même manière, il faut plafonner les revenus des grands patrons. A l'époque de Henry Ford, ils étaient payés 40 fois le salaire moyen, aujourd'hui, c'est 350 ou 400 fois ! (On peut considérer que ce superprélèvement directorial est négligeable, il est cependant particulièrement inélégant et nocif.) Puisqu'on veut moins d'Etat, le capitalisme doit rester éthique.
Deuxième élément : réglementer les OPA au niveau européen en énonçant des critères qui empêcheront la destruction et la précarisation de la population salariale du groupe ainsi constitué. Ensuite, il faut que les accords sur le droit social passés dans le cadre de l'Organisation internationale du Travail (OIT) soient compatibles avec les règles de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) qui fait du libre-échange une religion. Aujourd'hui, les Etats peuvent ignorer superbement ce qu'ils ont signé d'une main à l'OIT quand ils négocient à l'OMC.
Je crois enfin à l'économie sociale. J'ai milité depuis quarante ans pour lui donner son statut, son cadre. Je crois que la clé du problème, c'est le changement du statut juridique de l'entreprise. Au lieu d'appartenir à des apporteurs extérieurs de capitaux, elle doit être faite de la communauté des hommes et des femmes qui gagnent leur vie en partageant un même projet économique.
N. O. - Retour à l'autogestion ?
M. Rocard. - Je me garderais bien d'employer les mots qui fâchent. S'agissant d'un projet mondial, je ne vois qu'une seule force capable de le mener à bien : la social-démocratie internationale.
Il va falloir défendre tout ce qui produit contre tout ce qui spécule. C'est ça, la nouvelle lutte des classes.
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